Sauvegarde de l'Histoire de Quissac APSHQ

Vidourle arrive 1907

Vidourle Arrive !!!

- inondation 1907-

 

 

En cette journée du 25 septembre 1907, les vendangeurs pâtissent d'une chaleur étouffante:

« c'est sur qu'un orage va éclater, cela baissera un peu la température, mais attention au Vidourle, c'est l'équinoxe », disent les anciens.

Effectivement, dans la nuit du 25 au 26 septembre 1907, des pluies torrentielles s 'abattent sur la vallée du Vidourle, des Cévennes à la mer. En début de matinée du 26 septembre, Quissac, en alerte commence à surveiller avec crainte l'étiage du Vidourle, dont le niveau monte et descend tout au long de la journée. En fin d'après midi, le ciel est toujours très sombre et la pluie torrentielle ne cesse de tomber, mais entre deux averses les eaux ont le temps de s'écouler. Le lendemain un orage d'une intensité extême, un véritable déluge d'eau, s'abat sur la ville sans interruption et les éclairs incessants éclairent un paysage apocalyptique. On ne peut pas circuler, on ne voit pas à 1 mètre, pourtant il faut surveiller. Les Quissacois savent tous, qu'en fonction de l'intensité des pluies en amont, le Vidourle peut arriver très vite. Jean Girondon, Maire de Quissac, dans les bureaux de sa nouvelle mairie, mandate le garde canal et les employés municipaux, qui rendent compte tous les quarts d'heure de la situation. Il faut aussi avertir Sommières par télégraphe de la montée des eaux. La Compagnie de Pompiers de Quissac, installée dans les locaux de la mairie, coté Rue du Pont, est mobilisée et en alerte maximum.

Il est 1h de l'après midi à Quissac, ce 27 septembre 1907 quand soudain le tocsin sonne à la volée et on entend des grands cris:

-Vidourle arrive, Vidourle arrive !

C'est ainsi que les Quissacois, depuis deux millénaires, préviennent du danger de l'inondation par grande crue. on surveillait le Vidourle depuis le matin. A 11h l'étiage est presque normal, A 1 heure de l'après midi Vidoule  commence à déborder:

-il est à 3mètres, Il charrie,Il va vite monter!

D'énormes tronc d'arbres chevauchent les grandes vagues, occasionnées par l'écluse du moulin et viennent se fracasser contre les piles du pont, dont les 7 arches sont presque obstruées.

A 3 heures, l'étiage est à 4 mètres, et il pleut à verses en amont. Le Faubourg est isolé, la cour de l'auberge des Trois Rois est envahie, le Café du Pont est sous les eaux. Les occupants du café, inquiets, suivent la montée des eaux par les fenêtres de l'étage. Les chaises en bois surnagent et le lourd billard malgré son poids est propulsé contre les murs. Vidourle a déjà envahi le Tivoli, l'auberge des Trois Rois  et la Chaussée. Les eaux remontent très rapidement la Rue du Pont. Tour à tour le Café du Progrès ( maison Seyte), le salon de coiffure (salon Combel puis Roger Llorca) , la boulangerie Fermaud ( maison de Léon Dumas) le restaurant et détaillant en vin Chez Michel ( plus tard épicerie Dumas), l'épicerie Félix Potain ( plus tard restaurant du Cocorico), le bureau de tabac ( maison avant Magalisont inondés tour à tour. Le Vidourle est maintenant à 5 mètres, très vite il passe au dessus du parapet en pierre du pont et envahit les rues de Quissac jusqu'après la mairie. A 4 heures de l'aprés midi, les eaux côtent 6,60 métres.

Quissac est isolé, toutes les communications sont interrompus !



A Sommières le niveau des eaux dépassent la cote des 7 métres en fin de soirée.

Le 28 septembre au matin, les eaux se retirent et Quissac est dans un état apocalyptique. Il faut tout nettoyer, reconstruire. Tous les magasins de la Rue du Pont sont ravagés. Le four du boulanger à éclaté et toutes les denrées et tout le matériel, détruits. Les murs du moulin du Bosc et du pré en face le cimetière ont été entièrement démolis sous la violence du courant,

 

Le mur du moulin du Bosc le 28 septembre 1907

 

 

 

Le pont a souffert, de part et d'autre de l'accès, des affouillements dangereux empêchent toute  circulation.


La culée du Pont le 28 septembre 1907

 

 



 



 

La Rue du Pont au 28 septembre 1907

 



 

 

La Place du Tivoli est encombrée par toute sorte de détritus, troncs, branchages, tonneaux etc. le temple est entièrement dégradé, les bancs et chaises détruits ou disparus. les carrelages éventrés.

Dans les écuries, étables et bergeries, le cheptel de chevaux, chèvres et de moutons est anéanti, La récolte des vendanges, à peine commencées, est entièrement détruite. Les vignerons, qui subissent déjà des problèmes de mévente des vins, sont catastrophés et certains propriétaires ne résisteront pas à cette nouvelle épreuve (Rappelons en effet que depuis le début de l'année les vignerons du Languedoc sont en révolte et la manifestation paysanne du 2 juin 1907 avait rassemblé 300 000 personnes à Nîmes).

 


 

L'auberge des trois Rois le 28 septembre 1907

 



 

Le Crieulon aussi a fait des siennes et le pont d'Orhoux est entièrement détruit.

 

 



 

Le pont d'Orthoux le 28 septembre 1907

 


En aval, Sommières subit également des dommages considérables. La catastrophe suscitera tant d'émotion que le Président de la république Gaston Doumergueoriginaire de Aigues Vives, se déplacera à Sommières, pour constater les dégats et apporter son soutien à la population.

 



 

Extrait de « Le Vidourle et ses vidourlades » de Yvan Gaussen

 

La visite présidentielle à Sommières eut lieu le 2 octobre 1907. La foule était dense. Sommières n'avait jamais eu, hormis peut-être celle de Saint-Louis lors des Croisades et de Louis XIII, lors du siège de 1627, la visite du Chef de l'Etat. Le Vidourle lui valait cet honneur, dont à la vérité, la population se serait certainement passée. Le train du Ministre du Commerce et celui du Président de h République se retrouvèrent à la gare, où le Maire de Sommières, M. Charles Guérin, reçut les visiteurs. Parmi les personnalités présentes, il faut citer M. Barthou, Ministre des Travaux Publics et M. Millies-Lacroix, Ministre des Colonies. Le cortège comprenait onze voitures, plus huit pour la presse. Les journaux de l'époque s'étendirent sur l’itinéraire dans la ville et sur les détails de cette visite, sang omettre au Faubourg du pont le spectacle de ce foudre de 30 hectolitres juché par les eaux, sur un mur de 2 m. de hauteur.

 

A la Mairie, le Maire entouré de son Conseil Municipal, assura le Président de la République que « sa présence serait pour la vaillante population sommiéroise, si cruellement éprouvée pur les dernières inondations, un précieux encouragement » et le Président de la République répondit par quelques mots de circonstance.

 

 A 6 heures 40, le train présidentiel repartait pour Montpellier.

 

 

Mais cette catastrophe historique et ravageuse ne sera pas hélas la dernière de l'année car une nouvelle inondation vers fin octobre viendra à nouveau éprouver nos concitoyens. Mais ce ne sera pas non plus la dernière du 20ème siécle, car les inondations de 1933 et 1958 laisserons à l'histoire de notre village de douloureux souvenirs !

 

Roger llorca ( APSHQ)

 

 

 

 

 

 

 



23/11/2011
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