Sauvegarde de l'Histoire de Quissac APSHQ

Les Quatre Coins

Pourquoi les « Quatre coins » s’appellent t’ils :


 "Place Charles Mourier"       ( par Roger Llorca)

 

 


 

Charles Mourier Conseiller général de Quissac

 

Depuis notre plus grande enfance nous avons entendu parler des « Quatre Coins » et aujourd’hui, jeunes et anciens désignent encore la place de la Mairie par cette appellation, certainement très ancienne et déduite de la configuration du croisement de la Route Impériale (qui deviendra le Chemin de Nîmes et ensuite la Route de Nîmes pour s’appeler aujourd’hui, rue du Docteur Rocheblave) et de la route Saint Mathieu de Tréviers à Anduze (aujourd’hui Rue du Pont et avenue du 11 novembre 1918).

 


 

 

Cadastre de 1809 "les Quatre coins"

 

 

Vers la fin du 19ème siècle, ce croisement de voies, qui crucifie notre village depuis de nombreuses années, est encadré  par une épicerie dite« le bon marché », attenante au Café de la Paix, ou plus tard, Elie Alcacer fera son salon de coiffure, l’Auberge de la Croix d’Or (aujourd’hui morceau de la place et Café Français), et la Mairie, qui bien que reconstruite vers 1908, sera réimplantée au même endroit.

 


 

(Cette photo, ou l’on voit encore le bec de gaz, date d' avant 1928, date de l’électrification du village. Deux enfants semblent avoir des sabots aux pieds et ils sont tous coiffés de bérets. Le garde est toujours sur la photo, peut-être le père de « La Vapeur »)


Les Quatre Coins avec la Rue du Pont forment l’un des trois bourgs de Quissac, appelée Ville des Trois Bourgs jusqu'au 19ème siècle. Les deux autres bourgs étant le Bourg de Vièle, à l’origine de notre cité, et le bourg de l’autre coté du pont, appelé le FauxBourg, sur un document d' appel d’offre, lancé par le Diocèse de Nîmes  en 1780 pour l’élargissement du pont.( je consacrerai un article spécial sur le Pont de Quissac, ses origines, ses élargissements). Le plan de Quissac de l’architecte nîmois Claude Bancal de 1764 aura pour titre « Les Trois Bourgs de Quissac ». Les bourg sont indépendants et séparés par les frontières naturelles que sont le Vidourle et son affluent  « Garonnette ». Comme écrit dans un précédent article, pour entrer en Vièle, deux ponts franchissaient Garonnette : le pont de l’actuelle  Place du Pont de Garonne, et le pont sur la chaussée (pont que l’on aperçoit à l’embouchure de l’affluent sur le Vidourle, et qui sera célèbre pendant les entractes des films de Sahuquet car c'est là que les Quissacois prendront l'habitude de vider leurs vessies !).

Vers le XVIIème siècle, Le Bourg des Quatre Coins débute, dans la Rue du Pont à l’ancienne  Maison Gervais, dans la rue du Camp Neuf à la maison de Marthe Martin et en face la Maison Noguier, et dans la rue du Docteur Rocheblave il n’existe que la Maison Conduzorgues puis Basso, qui selon Mme Lemistre appartenait  à la célèbre Famille Jac. La largeur des voies est de 4 mètres. Aussi au fur et à mesure de la constructions de nouvelles maisons, celles-ci sont frappées d’alignement et reculées pour donner une voie de 6 mètres environ, ce qui permet le croisement de deux charrettes.

Mais revenons au Quatre Coins !

Vers la fin du 19éme siècle les Quatre Coins restent  un véritable « estrangladou » ou même les charrettes ont parfois du mal à tourner et cela représente un véritable danger pour les passants. En effet, la gare de Quissac, mise en service depuis 1882, est devenue un centre important pour toutes les expéditions à la fois industrielles (textiles), agricole (blé, vins, huiles etc) et de produits manufacturés de toutes sortes, de toutes les communes du sud : Saint Martin de Londres, Claret, Saint Mathieu de Tréviers, Les Matelles, etc. Tout ce trafic se fait par charrette, essentiellement par la Rue du Pont. Il devient donc urgent de remédier à l’étranglement des quatre coins.

 


(Sur cette photo, on constate que la nouvelle mairie est plus haute que l’ancienne. La pompe a été conservée. La maison du Commandant Gervais n’est pas encore démolie donc la photo est antérieure à 1927). On peut déjà y voir les « réclames » du Vichy Célestin, de l’Amer Picon, Roudil, Kub, Malmoret, Byrrh. On voit une charrette qui descend la rue du pont et un charreton à bras chargé de bonbonnes. Dans le coin le salon de coiffure).

 

D'autre part, en face la mairie, faisant angle entre la Rue du Camp Neuf et la Rue de la Gare, sied une immense bâtisse en ruine, ancienne Auberge de la Croix d’Or (hélas aucune photo !), qui  depuis le moyen âge a abrité et servi de relais à tout ce qui circulait dans la région. Pendant la deuxième moitié  du 19ème siècle, Quissac a un développement économique très important et la ville doit se développer et s’étendre. Les nouvelles maisons se construisent dans le prolongement de l’auberge de la Croix d’Or dans  la Rue de la Gare, sur la route de Nîmes, après la maison Conduzorgues et dans  la rue du Camp Neuf, après la maison Noguier

  En 1895, la population Quissacoise s’irrite contre cette auberge en ruine au milieu du village et Albin Ducamp, maire de la commune, entame des négociations d’achat avec la veuve Dumesnil, mais le prix exhorbitant qu’elle en demande,  empêche la transaction. 1898, Mme Dumesnil décède et  Jean Girondon, nouveau maire met en demeure les héritiers de prendre toute mesure de consolidation et de réhabilitation sous peine d’expropriation. Devant le refus des propriétaires, le bâtiment est exproprié pour une somme de 5000 frs. Mais les finances de la ville ne peuvent supporter une telle dépense. Charles Mourier, alors conseiller du canton lance une souscription, a laquelle il participe à hauteur de 2000 frs.

La quasi totalité de l’édifice est démolie pour créer la place, et la partie arrière est vendue à Monsieur Boudet qui y construira  le "Grand Café Français" (aujourd'hui Café Français, il a donc perdu de sa grandeur !). Il subsiste encore aujourd'hui les anciennes voutes de l’auberge dans les annexes du café.


 

(Ce type de carte postale permet de situer la photo vers 1910. On constate l’implication des réclames même sur les cartes postales. Le café français, flambant neuf, vient d’être construit. Un arbre, certainement un platane qui vient d’être planté, n’aura pas une longue vie car il n’apparaitra plus sur les cartes postales postérieures.la place est en terre battue)


En hommage, à son généreux donateur qui décède en 1904, la municipalité, donne le nom de

« Place Charles Mourier »

à la place des quatre coins.


 

 

(On aperçoit le reste des encastrements des murs de l’auberge de la Croix d’Or, contre le mur de la maison du camp neuf. Les guidons des bicyclettes sont vraiment particuliers et le garde est toujours devant la mairie. Le bureau de tabac, qui  est encore dans la Rue du Pont n’a pas encore déménagé)


 Cette place trouvera son aspect définitif en 1906, lorsque la municipalité de Jean Girondon démolira la mairie, qui est dans un état déplorable, et reconstruira la mairie actuelle en annexant la maison contigüe de la Rue du Pont appartenant, à  Eugène Triaire, dont le papa avait été maire de Quissac de 1889 à 1892.

 (La construction de la nouvelle mairie fera l’objet d’un chapitre complet)


texte mis en page par Roger Llorca

Sources : Archives municipales, « Quissac et son canton » de Louis Martin



29/02/2012
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