Sauvegarde de l'Histoire de Quissac APSHQ

le temps des cerises

Le temps des Cerises à Quissac

 

Dans la deuxième partie du 19ème siècle la culture de la cerise s’est développée dans le Gard.

 

« Autour de Quissac, surtout en amont, sur les deux rives du Vidourle, le fond de la vallée est, au printemps, un long tapis de fleurs blanches : de beaux vergers de cerisiers couvrent les rives de la rivière », dira un poète

 

Les cerisiers sont cultivés en vergers de production à Quissac, Sauve  et dans la région du Vigan.


 

Ce pays de filatures et de bonneteries voit chaque année ses usines fermer au printemps pour la saison des cerises. La cueillette, qui se fait à la main, occupe toutes les familles et un personnel nombreux est embauché par les grossistes pour trier et emballer les fruits.


 

En pleine saison, des gares de Sauve  et de Quissac, partent chaque jour, jusqu’à la guerre de 1914, une vingtaine de wagons remplis de cerises.

 

Toutes les catégories de cerisiers sont cultivées pour étendre la récolte du 15 mai au 30 juin : le Guigne qui donne un fruit doux à chair molle, le Burlat au fruit ferme, parfumé très coloré et satiné, le Bigarreau qui donne des fruits doux, fermes et sucrés, le Cœur de pigeon très précoce mais avec peu de saveur, le Duroni à chair craquante, le Griotte aux fruits acidulées etc.

Le cerisier qui doit être greffé pour bien fructifié est greffé sur du merisier sauvage très courant dans la région. Il se complait sur les pentes ensoleillées.

Pendant la saison des cerises ou  « le temps des cerises », à l’école de garçons, de Quissac, toute fraichement construite à la fin du 19ème, on joue au jeu des pignons (noyau en patois) dans les cours de récréation, durant les mois de mai et de juin, jusqu’aux années 1960. Semblable au jeu de billes, il se joue avec des noyaux de cerises ou d’abricots. Il s’agit de lancer un pignon en essayant de faire tomber un "quillet" formé d’un noyau en équilibre sur trois autres, ou au "castellet", une pyramide de 10 noyaux.

La cerise a également d’autres vertus, Les femmes gardent les queues de cerise que l’on fait sécher pour faire des tisanes ; les hommes plus gourmands, ramassent les « blancaous », cerises blanches à peau très dure et les font macérer dans du 3/6 (alcool à 90%). Certains conservent les noyaux pour en faire des bouillottes.

Les champs de cerisiers tout de blanc fleuris au mois de mars ou de rouge vermillon éclatant en juin sont une source d’admiration et d’inspiration  pour les photographes, les  peintres et les poètes.

 


 

 

 

 

Mais on ne peut évoquer le temps des cerises sans penser à la portée politique de ce fruit rouge, qui symbolisera la révolte, la révolution et surtout la triste période de la commune de Paris en 1971.

 

En 1866, le chansonnier révolutionnaire Jean-Baptiste Clément écrit le poème  « Le Temps des Cerises », qu’il demande à son ami Antoine Renard, ténor de l’opéra, de mettre en musique.

Le 18 mars 1871 la révolte éclate à Paris, elle prend le nom de la Commune et les révolutionnaires celui de Communards.  Clément, prend fait et cause pour la Commune et, doit s’expatrier en Angleterre pour échapper à la prison.

 


 

La pleine saison des cerises concorde avec la fin de la Commune et le bain de sang qui l’accompagne, le 24 mai 1871. La chanson prend alors une dimension nouvelle. La cerise est un fruit rouge et la couleur rouge est assimilée à la révolution. On qualifie de “rouges” les révolutionnaires. C’est la couleur du bonnet phrygien et du drapeau révolutionnaire et, par extrapolation, les fruits rouges vont symboliser la révolte et la révolution.

Clément  ajoute alors un  quatrième couplet, faisant référence à la Semaine sanglante, du 21 au 29 mai, où l’on a fusillé les Communards à tour de bras et jusque sur leurs lits d’hôpital.


“J’aimerai toujours le temps des cerises,

C’est de ce temps là que je garde au cœur

Une plaie ouverte !

 Et dame Fortune en m’étant offerte

Ne pourra jamais fermer ma douleur…

 J’aimerai toujours le temps des cerises

 Et le souvenir que je garde au cœur !”

 

Cette chanson devient ensuite l’hymne de tous les communards et des ouvriers. Et aprés son retour d’exil  Jean-Baptiste Clément ajoute en 1882 la dédicace :

" A la vaillante citoyenne Louise, l’ambulancière de la rue Fontaine-au-Roi, le dimanche 28 mai 1871, la " Vierge rouge  de la Commune ".


Louise Michel


 Et le Quissac républicain de la troisième république, chantera ce refrain à toute occasion. Emile Delon de Fontanès ne manquera aucune occasion pour chanter ce refrain, d'une voix chaude et harmonieuse

Si Le Temps des Cerises fut un chant révolutionnaire, il n’est plus aujourd’hui qu’une jolie chanson d’amour dont le succès ne se démentit jamais. Depuis le début du siècle, de nombreux artistes l’ont interprétée, certains avec beaucoup de talent : André Dassary, Suzy Delair, Tino Rossi, Charles Trenet, Yves Montand, Mouloudji, Nana Mouskouri, Michel Fugain, Colette Renard... et plus récemment Juliette Gréco (1994), Demis Roussos (1996), Florian Lambert (1998) et Marie-Denise Pelletier (2000)...

 

 

Quand nous chanterons le temps des cerises,
Et gai rossignol, et merle moqueur
Seront tous en fête !
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur !
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur !

 

Mais il est bien court, le temps des cerises
Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d'oreilles...
Cerises d'amour aux robes pareilles,
Tombant sous la feuille en gouttes de sang...
Mais il est bien court, le temps des cerises,
Pendants de corail qu'on cueille en rêvant !


Quand vous en serez au temps des cerises,
Si vous avez peur des chagrins d'amour,
Evitez les belles !
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour...
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des chagrins d'amour !


J'aimerai toujours le temps des cerises,

C'est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte !

Et dame Fortune,

 en m'étant offerte
Ne saurait jamais calmer ma douleur...

J’aimerai toujours le temps des cerises

 Et le souvenir que je garde au cœur !

 

 

 



25/11/2011
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