La Mort de la cigale
LA MORT
DE LA CIGALE Quand la
blonde moisson sur la plaine ondoyante Pour
saluer l’aurore incline son front d’or, Quand,
offrant à la faux sa tige frissonnante, Le
froment mûr tressaille en attendant la mort, De
l’aube au crépuscule, une chanson dolente Berce
les lourds épis aux feux de Messidor : Mélopée
à la fois alanguie et stridente De la
cigale, hélas ! Compagne de leur sort. Et puis,
quand sur un sol où sèchent les éteules, Les épis
rassemblés en gerbes ou en meules Expirent
lentement dans le champ dévasté, La
cigale, fidèle à la moisson amie, Tait son
chant et s’endort sur la terre endormie, Lasse
d’avoir vécu, fière d’avoie chanté. Georges
Noguier, Quissac, août 1912