Sauvegarde de l'Histoire de Quissac APSHQ

La croix de mission sur le plan de l'église

La croix sur le plan de l'église

 

 

 

Bref rappel historique

 

1598: Edit de Nantes signé  par Henri IV donnant la liberté de culte aux Protestants.

1685: Révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV supprimant la liberté de culte aux protestants.

1787: Edit de tolérance par Louis XVI donnant le droit de culte aux protestants, mais avec  droits civiques limités.

1807: Napoléon donne aux protestants liberté de culte et droits civiques.

 

 

LA CROIX DE MISSION

 

 

 

 


Aprés les grands problèmes , que l'église a connu pendant la révolution et la période qui suivit, elle a fort à faire pour ramener ses ouailles à la pratique de la religion et le retour à l'office et surtout dans notre village essentiellement Huguenot. Elle charge donc des missionnaires, prêtres spécialement choisis, pour aller prêcher l'évangile de Jésus Christ. Les évêques eux mêmes se déplacent dans les diocèses pour contribuer à ce retour de la foi et de la pratique du culte.

 

 


Ces visites sont appelées « les Missions »


 

La Mission donne lieu à une grande cérémonie qui attire et séduit le peuple, de grands sermons sont prononcés, des processions sont organisées et pour marquer cet événement, on met en place  une croix en fer, sur un socle en pierre dans un lieu relativement proche de l'église. L'ensemble mesurant trois ou quatre métrés de haut.


C'est la « Croix de Mission »



Ces croix de mission sont différentes des croix de cimetières, dite croix hosannières (parce qu'en ce lieu on y bénissait les rameaux, en chantant l'Hosanna)

Rappel:

 

"Hosanna au fils de David"

Cria la foule en hommage à Jésus, en ce jour que l'on appela le jour des Rameaux, jour ou Jésus chassa les marchands du temple. Hosanna est devenu l'expression d'un cri de ferveur.

Ces croix dites de missions portent les symboles de la passion du Christ.

 


La croix de mission  de Quissac

 


Au cours d'une mission dans notre paroisse, une croix  est  érigée sur l'actuel plan de l'église. Le plan de l'église, qui était jusqu'en 1835 le vieux cimetière, déplacé sur le terrain de « la Béligue » donné par Louis Devillas à la commune en même temps que les maisons qui formeront l'hospice en 1832.

 



Ancien cimetière ( en gris tout autour de l'église)

On note sur le plan, une maison sur l'actuelle place Louis Devillas. Celle-ci était entourée de muriers, achetée par la municipalité Girondon à louis Bouvier, elle fut démolie en 1912. Plus tard en 1936 on planta à cet endroit le platane, pour feter le goudronnage des rues de Vièle. Louis Martin signale dans son livre « Quissac et son canton » que Emile Dufour, garde champêtre, était né dans cette maison.

 


La croix, dont l'ossature est réalisée en fer forgé et les symboles en tôle emboutie, repose sur un socle de pierre. Aujourd'hui les intempéries ne permettent plus de distinguer la couleur originèle de la croix qui était dorée. Les inscriptions latines sur le socle de pierre ont hélas disparu sous une couche d'enduit.

L'accès de l'église est encore sur la partie latérale, comme elle est redevenue aujourd'hui, mais la communauté catholique a demandé à la municipalité l'ouverture d'une porte sur le plan, afin que l'accès à l'église se fasse face au cœur comme dans toute les églises. Ceci devient possible car le cimetière a été deplacé, comme dit précédemment. La croix est implantée sur un axe coeur, porte d'entrée.

Elle est vraisemblablement érigée en juin 1840, car une lettre du curé Jury-Joly à l'Évêque, évoque le passage de celui-ci , le mois précédent, dans la paroisse de Quissac.

Cette lettre de doléance de notre curé à son évêque est "pagnolesque" et reflète les relations entre Catholiques et Protestants de l'époque. Il faut rappeler que le nouveau temple, c'est à dire le temple actuel, vient d'être construit depuis 1833.

Lettre du Curé Jury-Joly

Quissac 28 juin 1840

Monseigneur

je crois de mon devoir de porter à votre connaissance le triste événement survenu ce matin sur les huit heures et demi durant la procession du très saint sacrement, au sujet de laquelle , j'ai eu l'honneur de vous consulter, lors de votre passage ici et de vous écrire , il y a peu de jours encore pour la translation de cette cérémonie au dimanche d'après, à cause des élections municipales qui ont eu lieu le dimanche précédent.

Toute chose ayant été concertée avec Monsieur le Maire, protestant mais honnête homme,et magistrat intègre, qui s'est conduit en cette occasion comme le comporte sa charge. La procession ayant été publiée au son du tambour dés la veille et toute autres mesures de prudence prises, accompagné de la gendarmerie que je croyais être là plutôt pour ornement de la cérémonie, que pour sa défense.  Nous avions parcouru sans obstacle, la rue du temple et la moitié à peu prés de la marche ordinaire, fixée par l'usage, lorsque arrivés au bout de la rue du pont et alors qu'aucun de nous ne s'y attende on aperçoit sur le quai un attroupement épouvantable qui cherche à obstruer le passage au moyen d'une charrette et d'une échèle et qui jusqu'à l'arrivée des gendarmes qui accoururent aussitôt, ne cessèrent de faire entendre des cris tumultueux aux milieux desquels on distinguait de sales imprécations et d'horribles blasphèmes....» (document de l'évêché)

 

 

 


Analyse de la croix et de ses symboles

 

 

 

La croix est constituée par des raidisseurs en fer forgé entre lesquels viennent s'intégrer des symboles religieux de la passion du Christ.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Calice Rayonnant avec l'hostie portant le monogramme IHS « Iesus hominium Salvator »( Jésus sauveur des hommes) se situe en partie haute de la croix  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au centre de la croix la couronne d'épine, entourant un coeur enflammé, symbole de l'amour du Christ mort.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Le soleil au croisement de l'arbre de la croix et des bras,  rappelle que le soleil s'est voilé à l'instant même de la mort de Jésus. Il évoque également le triomphe.

 

Au centre,  L'agneau couché sur la croix posée sur la bible. L'agneau pascal fait référence au Christ, donnant sa vie en sacrifice. L’agneau symbolise à la fois la Passion de Jésus (la souffrance) et sa résurrection (le triomphe).

 

 

 

 

 

 

 

Les 3 clous de la crucifixion

 

 

 

 

 

 

 

Le marteau de crucifixion et la tenaille de la descente de croix

 

 

 

 

 

 

 

La main du garde du grand prêtre qui gifla le Christ

 

 

 

 

 

 

 

La tunique que portait Jésus

 

 

 

 

 

 

 

L'aiguière qui contenait l'eau avec laquelle Ponce Pilate se lava les mains

 

 

 

 

 

Voile de Sainte Véronique portant l'empreinte du visage du Christ

 

 

 

 

 

L'échelle qui permit de descendre le corps de Jésus et la lance de persécution

 

 

 

 

 

 

 

Le fléau et la colonne ou Jésus fut flagellé

 

 

 

 

 

Cette croix de mission symbolise une partie de l'histoire de notre village. Elle est érigée à une époque ou la population quissacoise est à 90% de religion protestante et ou les catholiques tentent de rassembler leur fidèles. Il faudra attendre quelques années de plus, vers la fin du 19éme siècle pour que les émigrés italiens et espagnols, tous de tradition catholique, redynamisent l'église catholique, rétablissant ainsi un équilibre entre les deux communautés chrétiennes , équilibre qui semble perdurer aujourd'hui.

 

Souhaitons que ce monument soit entretenu et rénové car la rouille commence à produire ses néfastes effets. Je rappelle que la croix ét ses symboles étaient à l'origine de couleur or. Une rénovation minutieuse du socle pourrait également permettre de retrouver les inscriptions d'origine.

 

Aujourd'hui cette croix n'est plus un apanage catholique, mais le témoignage œcuménique de la chrétienté de notre village à une certaine époque.

 

 

 

Texte et mise en page de Roger Llorca


 

 

 

 

 

 

 

 

 



06/04/2012
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