Jacques Bonbounnoux Chef Camisard et Pasteur du Désert
Jacques BONBONNOUX
(18 avril 1673 - 11 mars 1755)
Chef Camisard et Pasteur du Désert
Jacques Bonbonnoux nait à Bragassargues, canton de Quissac (Gard), le 18 avril 1673. Son père, jacques Bonbonnoux, ést originaire de Monoblet, canton de Lasalle (Gard), et sa mère Anne Durand, de la petite commune de Fressac voisine de Monoblet. Il fréquente très tôt les assemblées et, avec Claris, rejoint les camisards au début de 1703. Brigadier de Cavalier, il refusera de le suivre lorsque, en mai 1704, celui-ci se rendra, et tiendra le Désert avec les derniers résistants.
Jacques Bonbonnoux est un opiniâtre. Il est même le seul Camisard à être devenu un pasteur du Désert, parce qu’il a réussi à échapper à toutes les poursuites, certes, mais aussi parce que dès l’origine, son engagement est beaucoup plus raisonné, sinon raisonnable.
"Je partis donc de chez moi un soir après soupé, au commencement de l’année 1703. J’étais accompagné de quelques jeunes gens dont l’un des quels, Pierre Claris avait été déjà parmi les Camisards ".
il est allé à la messe pour accomplir son mariage et sa femme est morte un an après. Se reprochant ce crime et ce péché, il forme le " pieu dessein de servir Dieu dans les assemblées de ses fidèles, quoi qu’il peut m’en arriver ". Ce facturier de laines met ses affaires en ordre, paye ses dettes et part pour la clandestinité, dans laquelle il va vivre " 27 années et environ 7 mois ".
Alors qu’un jour de 1705, il se trouve une fois de plus en fuite dans le bois de Ramp, entre Sauve et Durfort, avec Claris, Antoine Roussel de Gajan, Lafont cévenol et Bonfils de Saint-Théodorit :
" Tous nos prédicateurs sont morts ou rendus, nous dit Claris tout attendri, que ferons-nous ?
- Dieu y pourvoira, répliquai-je. Et quand je n’entendrai aucune prédication d’ici à dix années, je me sens assez de courage avec le secours du ciel pour résister à toutes les tentations qui pourraient m’être suscitées par les ennemis de l’Évangile ".
Cette réponse faite avec beaucoup de fermeté et de zèle, donna occasion à Claris, en sortant un A B C de sa poche, de nous dire :
" Amis, allons étudier. Nous serons encore tous des ministres ou maîtres d’école. " Quelle proposition pour des hommes qui ne savaient pas lire, et qui manquaient même de tous les secours nécessaires pour l’apprendre !
Et plus tard Jacques bonbounoux dira:
« Des cinq que nous étions alors, trois ont prêché l’Évangile dont par la grâce de Dieu, j’ai été du nombre, et deux (Lafont et Claris) même l’ont signé de leur sang avec beaucoup d’édification à Montpellier. "
À part un court séjour en Suisse après la mort de Claris, il n’a guère quitté les environs de Quissac, caché le plus souvent dans son " cher Coutach ". En 1729, perclus de rhumatismes, il part définitivement en exil en Suisse. Il a retracé alors l’essentiel de sa période clandestine, dans des Mémoires rédigées à la demande d’Antoine Court et qui portent l’empreinte de la nouvelle orientation de l’Église Réformée. Sans renier son passé camisard, Bonbonnoux en gomme les aspects qui pourraient heurter Court (et après lui les historiens protestants du XIXe siècle, jusqu’à ce que la réhabilitation par Michelet dans l’Histoire de France change le regard sur les Camisards) : peu de choses sur les actions violentes, les exécutions des catholiques et rien sur le " miracle " de Claris. Par contre, la continuité dans la foi, l’approfondissement de l’étude de la parole de Dieu sont soulignées.
Bonbonnoux est au premier synode des Montèzes, puis il parcourt pendant quinze ans tout le Languedoc, comme proposant puis ministre de l’Évangile. Il a appris à lire et à écrire à 36 ans. En 1729, réfugié en Suisse, il s’installe à Lausanne, où il se marie avec la veuve d’un réfugié comme lui, en 1732. Il y meurt en 1755.